Dormir chez Victor.
Pas dans le monument de bois sombre , ni dans la chambre aux allures de prétoire, au-dessus. Pousser le verre épais de la porte, traverser le palier tapissé de livres et faire craquer sous mes pieds nus les marches de l’escalier enroulé. Poser la main sur la rampe, regarder ma peau briller à la clarté du puits de lumière. Sous le toit entre les deux bibliothèques , parcourir l’ombre diluée par la verrière . Approcher des longues vitres, la mer comme un satin jusqu’aux lueurs pointillées de Sark et d’Herm. Quelques bateaux de passage, l’horizon en fuite.
En bas l’ombre du port , les phares qui se répondent, les toits en escalier jusqu’aux frémissements du jardin .
Me réfugier dans la chambre basse, m’allonger sur la couchette étroite , les cloisons de bois contre ma tête et mes pieds. Y appuyer mon dos. Ecouter la maison vibrer. Attendre le sommeil.