Je remonte l’estran vers la laisse brune ; algues échouées, bois flottés , filets emberlificotés . Je détaille les nœuds de nylons et de cordages , les pontes lisses ou gluantes , les flacons de plastique tachés de goudron . Parfois la main tendue d’un gant de travail noir ou bleu gonflé d’air semble faire signe.
Chez nous face à la mer, j’ai mêlé dans une coupe transparente les morceaux de verre usés, les débris de nacre, les menus vestiges de plastique glanés chaque matin sur la plage. Chaque jour son signe, aujourd’hui une bille de bois usé aux fibres saillantes roule entre mes doigts. Enfermée contre ma paume au creux de ma poche, elle chauffe et vibre doucement.
Je nous revois longer les vagues , nos pas traçant des routes invisibles et enchevêtrées.
Photo: merci Julie