3 avril 2009
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07:28
Bizarre ce fil sur la lande. Accroché ça et là entre ronces et touffes d’ajonc , il la précède parmi les fougères plus hautes qu’elle.
Elle marche derrière la Noire, la chèvre osseuse dont les longues mèches acajou brillent sur la robe brune. La corne des fins sabots tinte parfois sur une pierre ou un à-plat plus tassé. La petite suit les hanches pointues et la queue retroussée, évitant les déjections noires et luisantes parfois semées sur l’herbe rase. La tête baissée sous le licol, la biquette piétine derrière la vieille femme qui avance lourdement. Sa main gauche serre son poignet droit dans son dos , ses doigts raidis retiennent la chaîne sombre , ses épaules et sa tête dépassent à peine les arabesques vertes . Le chien ouvre la marche, le pas vif et la truffe au ras du sol. De temps en temps la Noire , tentée par une pousse odorante, résiste et risque un écart ; les maillons de fer tintent sur son bêlement et le convoi reprend son rythme silencieux. Engloutie dans la fraîcheur des fougères, la petite longe leurs tiges luisantes, jaunes et dures comme de très hautes pattes de poulet .
On ne voit personne sur la lande, on ne trouve rien non plus sinon quelques cartouches vides à la saison. Parfois une plume de geai d’un bleu scintillant ou une pierre ornée d’un quartz laiteux. Jamais d’objet fabriqué. L’extraordinaire de ce fil clair accroché aux buissons, c’est qu’ ici rien n’arrive qui ne soit déjà arrivé la veille et les jours d’avant. ( ... )
On ne voit personne sur la lande, on ne trouve rien non plus sinon quelques cartouches vides à la saison. Parfois une plume de geai d’un bleu scintillant ou une pierre ornée d’un quartz laiteux. Jamais d’objet fabriqué. L’extraordinaire de ce fil clair accroché aux buissons, c’est qu’ ici rien n’arrive qui ne soit déjà arrivé la veille et les jours d’avant. ( ... )