31 décembre 2008
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A propos d'un professeur surnommé ...
La complainte des enfants frivoles (p 181), Alexandre Vialatte, Le Dilettante
Tableau : Eugène Delacroix, La mort de Sardanapale
(...) KARL MARX avait des digestions trop indulgentes, des flanelles trop douillettes, des goûts trop vite satisfaits pour se douter de quelque chose. Il disait à qui voulait l'entendre:" J'ai une poigne de fer." Martyrisé par l'avarice de sa femme, il se consolait de sa faiblesse par des affirmations énergiques qui le faisaient passer pour un esprit sanguinaire dans l'esprit de l'instituteur adjoint. Il réhabilitait Néron, Torquémada et Sardanapale au Café du globe entre deux apéritifs. Les joueurs de manille cultivés l'avaient baptisé le Satrape; le sous-préfet le nommait Assuérus. Pour notre usage personnel, il mimait au cours des classes de latin la scène du Pacha visitant son harem et choisissant la sultane. Quand il prononçait sa grande phrase: " Je lance mon mouchoir de soie à la plus belle", et que Balèze, promu au grade de favorite, recevait dans ses mains l'immense tire-jus à carreaux jaunes tel qu'en portent les marchands de veaux, il vivait certainement en pensée une minute inoubliable. (...)
La complainte des enfants frivoles (p 181), Alexandre Vialatte, Le Dilettante
Tableau : Eugène Delacroix, La mort de Sardanapale