- T’es mon joker , il me disait.
Son joker. Il se croyait où ? Il venait là comme à une table de jeu. Moi je l’attendais, je me pomponnais, je soupirais, je vérifiais dans la glace, j’essayais des dessous qu’avaient tout du paquet-cadeau.
Le pire c’est que je m’en rendais compte.
Son joker , toujours prête, seule entre ses quatre murs, guettant le téléphone et la sonnette dans l’espoir de son passage dans le quartier…
Ça n’aurait pas dû se passer comme ça. Normalement la first one c’était moi. Ou Anna, mais enfin là , j’avais le dessus sans problème.
La Mère était de mon côté, sûre de mon destin elle me répétait la litanie pendant des heures : présentations, fiançailles, bague au doigt, tralala et tous les regards vers moi. Je l’écoutais, sûre d’être l’élue, comment en douter quand votre maternelle vous serine du matin au soir :
- Tu es née pour être une dame, tiens-toi droite, ton vernis n’est pas assorti à ton rouge, ne ris pas si fort, tu es la prochaine sur la liste …