La première fois, c’est toujours un samedi, souvent une fin de semaine, parce qu’on est libéré de tout souci. Ni travail, ni reprise pour une rude semaine. La première fois, l’invitation est toujours pressante. Il nous est arrivé de tenir bon longtemps, de résister, nous décourager, être démesurément effrayé ; et puis un jour survient où tout est très, trop, rapide pour renoncer.
La première fois, c’est toujours imprévu, un écart occasionnel qui crée tout le charme de la situation. Une vie bien programmée, sans temps mort, voire trop ennuyeuse, qui ne se risque à rien de hasardeux. Jusqu’au grand saut. Soudain.
La première fois, on est toujours nerveux. On n’y peut rien. Le stress. Les questions se heurtent à une vitesse folle dans un cerveau devenu trop étroit. Y parviendrai-je ? Saurai-je offrir le meilleur de moi-même, laisser mes peurs bien enfouies ?
La première fois procure d’abord du bonheur, une sorte de sauf-conduit pour la liberté de nous dévoiler au monde, d’exister enfin, en parfait accord avec nos plus folles espérances.
La première fois fait ensuite mal, parfois très mal. Le labeur des débuts, l’angoisse du néophyte, la gêne du maladroit, la douleur de l’inexpérience.
Puis la première fois s’achève. Vite, ou pas. Éphémère circonstance de la naissance d’un nouvel être, un peu déçu, si loin de se sentir rassasié, regrettant d’avoir été en deçà, attendant la prochaine fois.
Enfin, la première fois engendre une inexorable addiction, celle dont on ne se relève jamais. Sinon, ce ne serait qu’un petit événement. C’est dur et marquant.
La première fois, c’est partager avec toute sa passion, se livrer sans retenue. L’étape d’une vie.
Mes premières fois, elles ont toutes ressemblé à cela.
Puis il y a eu une seconde fois.
A rebours
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