Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
9 octobre 2009 5 09 /10 /octobre /2009 21:38

Un bruit sourd me vrille les tympans. Juste à mes côtés, quelqu'un lève une seconde fois sa masse pour l'abattre contre le béton. Je le regarde.

D'autres, maintenant encouragés, se joignent à lui. Tous les moyens sont bons. Pioche, masse, tout y passe. Chacun veut y aller de sa participation, pour pouvoir dire, dans quelques années : "jy étais".

Oui, j'y étais. Moi aussi j'y suis. Partout, des gens se pressent, se bousculent, rient. Chacun aura fait tomber son morceau de caillou. Chacun aura participé à cet événement qui restera gravé dans les mémoires.


Hier au soir, la Brandebourg a été ouverte. Il n'y a plus de frontière. Nous sommes libres, enfin.

Je reste face à cette porte, qui n'a plus lieu d'être. D'ici peu, le mur qui l'entoure ne sera plus que ruines. Un peu plus loin, quelques notes s'élèvent. Un violoncelliste est présent. Il participe lui aussi, à sa manière.

D'autres, plus pressés, escaladent, ne prennent même plus la peine de frapper contre ce mur. Ils veulent passer de l'autre côté.


Je suis heureux aussi. Enfin... je devrais l'être. Le Mur est ouvert, enfin. Et bientôt, il ne sera plus. Je devrais être heureux que ce pour quoi nous nous battons depuis tout ce temps devient enfin réalité. Mais aujourd'hui, je ne peux pas.

Hier, avant qu'ils annoncent l'ouverture du Mur, je suis venu ici. Comme tous les soirs. Pour te faire signe. Pour te voir. Mais hier, tu n'es pas venue. C'était la première fois depuis toutes ces années. J'ai attendu longtemps, mais tu n'es pas venue.


Alors aujourd'hui, au lieu de me réjouir avec les autres, la seule chose à laquelle j'arrive à penser est : "Pourquoi pas hier ? Pourquoi juste un jour trop tard ?"

Je ne te reverrai pas. Et avec cette conviction, c'est ce qui m'a tenu en vie, ici, du mauvais côté, qui s'en va.

Chrysopale
Rostropovitch

Source de l'image
Partager cet article
Repost0

commentaires

A
<br /> Merci. Je ne sais pas quoi écrire d'autre...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Ta référence aux destins imbriqués me fait penser au film La vie des autres, Laurence, cette invasion si bien décrite du collectif dans l'intime ...<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> Un destin au milieu du Destin de milliers d'autres personnes. Il est toujours trop tard pour quelqu'un.<br /> <br /> <br />
Répondre
P
<br /> De l'émotion toute en réserve. Comme j'aime.<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> La fin de ce texte pourrait être le début d'un roman ...<br /> <br /> <br />
Répondre