11 janvier 2010
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> Elle a dans le regard du gris et du chagrin.
> J'aime sa voix de gravier, sa voix de cuivre rouge, sa voix de
> feuilles froissées.
> Je ne la connais pas. Mais je l'ai rencontrée : elle met des beaux
> mots, des baumes-mots sur les douleurs.
> Chaque matin elle ramasse les morceaux d'ailes.
> Elle a, vissé au cœur, le goût de consoler, ses mains sont toutes comme
> ça, tournées les paumes en l'air, pour caresser la joue des vies
> désarticulées.
> Elle fait du propre, du frais, elle lave à l'eau de javel la misère et
> la crasse, elle beurre la tartine et puis elle vous regarde.
> Souffle sur l'étincelle : faire revivre la vie, repeindre d'arc en
> ciel les deuils, les obsidiennes…
> Et elle chante en sourdine - en solo bien souvent - du blues et des
> bossa, bleue comme un saxophone...
> La musique la saoule, elle soul, elle jazz, elle crie, parfois c'est
> trop, c'est trop !
> Elle a des mots d'argile qui cassent sous le choc . Elle a des amours
> fous, des élans qui font peur, qui font honte un peu, elle va trop
> loin, trop fort, le doux l'a dévastée, elle en porte les traces…
> Je ne la connais pas, je la connais pourtant. Elle rit comme personne,
> sa bouche est un peu grande et ça jaillit vivant ! Elle a la mer à
> boire et ça lui fait pas peur, les marées dans la tête : elle sait
> l'horaire par cœur.
> Son oiseau préféré, l' hirondelle de mer, n'attend qu'un signe d'elle
> pour tracer le printemps…
Coline Dé
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