Les nuits de Léonie
Léonie peaufine … Le halo blond de la lampe dessine un rond sur la table acajou. A la lumière de cette pleine lune, son stylo vagabonde. Léonie veille sur les mots assoupis sur le papier. Croqueuse de rêves le jour, marchande de sable la nuit, elle laisse dormir les mots doux, ceux qui ont su s’enfouir, se nicher à flanc de phrase, se tailler une place de choix dans la chair du texte. Les mots fous, elle les réveille, les bouscule, les malmène. Ceux qui se prélassent dans le gras de la page, elle les biffe, les griffe. Pas de pitié pour les mots-dits condamnés à être effacés. Elle n’a que faire des mots-sad qui sont tristes à pleurer, elle ne garde que les mots-cœurs qui sourient dans l’épaisseur de la nuit. Parfois, Léonie lève le stylo pour reposer ses doigts engourdis, elle pose alors son regard sur les toitures aux ardoises luisantes de lune, puis le laisse glisser jusqu’à la mer, où il se perd ….