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21 mai 2010 5 21 /05 /mai /2010 11:55
DSC_0142-copie-1.jpgLa première fois

Il ouvre tout grand ses yeux, ses yeux bleus. Il vient juste de le faire remarquer : « c’est la première fois que je vais dans un bar, le soir ! » et il ne veut pas en perdre une miette. Parce qu’un bar le soir, ça ne ressemble pas du tout à une terrasse de café en pleine journée où on prend un coca vite fait, quand il fait trop chaud, et qu’on a besoin d’une pause.

Il n’en revient pas de sa chance. C’est vraiment un coup de bol. Il s’est juste trouvé à la bonne place au bon moment. Sa sœur a eu un gros coup de cafard à l’idée de son prochain départ à l’étranger. Elle s’est mise à pleurer, puis sangloter et rien ne semblait devoir la consoler. Alors, après avoir essayé toutes les sortes possibles de paroles consolatrices et de gestes réconfortants, leur mère a coupé court. Elle a dit : « Ça suffit, on va manger une glace ! » Il était déjà 22h30 et il aurait dû être couché, mais personne ne l’a fait remarquer. Il était là et il a suivi le mouvement. Les marchands de crème glacée avaient fermé boutique. C’est comme ça qu’ils se sont retrouvés dans ce bar, ses parents, sa sœur et lui. Il est juché sur un tabouret haut devant un tonneau qui sert de table. On lui a présenté la carte et il a choisi un chocolat viennois. Il se tient bien droit et il sourit.

Il ouvre tout grand ses yeux, ses yeux bleus. Devant lui, il y a la tasse couronnée d’une épaisse montagne de crème chantilly et l’inévitable petit parapluie de papier coloré. Sur le mur, au fusain, sont dessinés les portraits de chanteurs qu’il ne connaît pas. « Trop vieux pour toi, mon pauvre chéri ! » a dit son père. Mais il a quand même reconnu Renaud, parce que Renaud, forcément…

Dans le verre de sa mère, un liquide transparent au-dessus de morceaux de citrons verts et de feuilles de menthe. Un mojito… Un nom qui va bien avec tout ce qui l’entoure, qui va bien avec son sourire et celui de son père, avec le calme qu’ils affichent et l’impression qu’ils donnent d’avoir le temps, tout le temps voulu pour savourer leurs boissons et profiter de leur présence ici avec leurs enfants. Il a même pu goûter le mojito : c’était bon ! Très frais, pas trop sucré et avec cette toute petite pointe acide qui masque l’alcool.

Il savoure tout ce qui fait le charme spécifique d’un bar la nuit : l’ambiance de fin de journée, la lumière tamisée, la musique sud-américaine, les gens accoudés au comptoir souvent assis sur une seule fesse et laissant pendre une jambe jusqu’au sol, les bouteilles à l’envers au-dessus du comptoir sous lesquelles le barman fait passer les verres rapidement pour les remplir d’une poussée ou deux, les gestes du serveur et le pas de danse qu’il esquisse en apportant les commandes.

Il se dit qu’il reviendra plus tard, quand il sera plus grand, avec des copains. Il se dit que c’est bien un bar la nuit, que c’est un espace à part, hors du temps. Il voit que les gens ici sont juste là pour le plaisir et qu’on le sent ce plaisir partagé circuler dans l’air un peu enfumé, un peu embrumé. Il se dit qu’il est bien, vraiment bien.

Il ouvre tout grand ses yeux, ses yeux bleus.

 

Guylaine de Fenoyl

 

(Photo Julie Heurtel)

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18 mai 2010 2 18 /05 /mai /2010 15:48

geneve01374.jpgLundi 10 mai au Théâtre National de Bretagne, c'était Noël: le moment de profiter du cadeau de notre fille, deux places pour le concert de Roy Hargrove Quintet.

Rien à dire là-dessus, les spécialistes savent bien le faire: la salle en était pleine. Mais quel bonheur, ce trompettiste capable de nous emporter, de lancer et de faire briller ses merveilleux musiciens: le saxophoniste si sensible, le pianiste entre nuances et énergie, le batteur incroyablement éloquent et le contrebassiste infatiguable ...Je n'ai pas les mots, mais il y a les liens et c'est par là:

http://www.vervemusicgroup.com/royhargrove

 

Merci, Ju, pour ces deux heures de bonheur

Source de l'image

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6 mai 2010 4 06 /05 /mai /2010 12:03

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  Mardi soir Henry des Abbayes nous conviait à une soirée au Coquelicot pour fêter la sortie des Contes Malpolis.

Deux lecteurs talentueux, Jean Baury et Thierry Billois, ont servi Blanche et Le génie du fleuve, un moment très émouvant pour moi.Trois des musiciens de Zic plein d'airs, Rémi Balluais, Philippe Boittin et Marc David avaient accepté de venir accompagner la fête, un bonheur. Alain Créac'h qui a illustré la couverture était là avec son épouse Claudine, fameuse conteuse. Elle nous a dit l'histoire du bûcheron Lucas et une cruelle version  ancienne du Chaperon Rouge,  fantastique!

Que dire d'autre? La chaleur des retrouvailles, les rencontres et les échanges d'adresses, le talent et la fantaisie... Une fois de plus le Coquelicot a vécu des heures  mémorables. 

Heureusement qu'on a les Cafés de Pays pour se retrouver, bâtir des projets, écouter ce que chacun veut dire, et pourvu que ça dure!

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2 mai 2010 7 02 /05 /mai /2010 14:13

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Vendredi soir à la bibliothèque de Plouër sur Rance, Marina et Rozenn avaient initié avec Nicole Delvallée une soirée dédiée à la nouvelle. Héros du jour: Alain Emery, auteur des recueils  Divines Antilopes et  Canailles et compagnie (éditions la Tour d'Oysel).

Une soirée rare et spéciale pour moi: M.Emery ayant eu la délicatesse de me solliciter pour la sortie des Contes malpolis, j'ai eu le plaisir d'y participer comme lectrice et comme auteur.

Les fidèles de la bibliothèque, les bénévoles et les lecteurs de la région ont pu assister à une intervention d'une rare qualité: simplement, avec les mots de tous les jours pour évoquer des écritures particulières, Alain Emery nous a embarqués au fil de ses lectures. Une heure de bonheur où il nous a fait partager ses coups de coeur avec la modestie et le talent qui le caractérisent. Coline Dé (allez donc lire Macadam la marquise sur son blog...) nous a fait pleurer à la lecture de Vers le Sud (in Divines Antilopes) et rire à sa façon. Moi qui aime les loups, j'ai en plus découvert une des cordes de son arc (ou de sa guitare...)  avec un redoutable portrait en pied du croqueur de petites filles.

Valérie, Yvonne, Colette, des rencontres dues au forum Maux d'Auteur ont ajouté encore au bonheur de la soirée. Je suis sûre qu'elles se renouvelleront.cimg6982.jpgLes bibliothèques sont décidément des lieux subversifs où des esprits indépendants se nourrissent sans dépenser d'argent, loin de la télévision et des supermarchés, où les échanges en toute simplicité s'opèrent tranquillement. Un espace de Liberté, profitons-en!

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29 avril 2010 4 29 /04 /avril /2010 10:19

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OF JR

morganepresient.jpgPour moi c'était la troisième fois: troisième visite en bords de Loire, troisième rendez-vous autour du Noir. Venue accompagner les Contes Malpolis, j'ai tout de suite retrouvé l'ambiance bon enfant, l'engagement, les sourires faciles, le dynamisme...

Le buffet des étudiants du CIFAM de Sainte Luce (à lire, les apprentis-sauciers), la charte graphique des étudiants des métiers de l'imprimerie, les bénévoles de tous âges et les habitants accueillants: tout ce qui fait la qualité particulière de ce festival était au rendez-vous.

Dès mon arrivée, Jocelyne Rat m'a interviewée pour Ouest France à propos de la sortie de mon recueil dont deux nouvelles ont été écrites pour Mauves lors des précédents concours.

Parmi les cinquante auteurs, j'ai eu la chance de passer mon temps entre Jérôme Bucy et Claude Bathany, bonne pioche! Chargée par Emma Bo d'embrasser Hervé Sard, je me suis exécutée avec plaisir.

Une forumeuse de Maux d'auteurs s'est matérialisée devant moi, bonjour Blue note, tu portes bien ton pseudo et merci pour les photos! Les nouvelles du recueil M en N de cette année sont délicieuses, celle de Blue Note fleure bon les herbes exotiques ...

J'ai passé la nuit dans une maison pleine de souvenirs, d'ombres et de recoins, au milieu d'arbres remarquables. J'ai eu la chance de tomber chez des hôtes adorables, lecteurs de la Hulotte et belles personnes, merci Marie-Luce et Philippe, désormais je penserai à vous lorsque je me souviendrai de Mauves.

Voilà, que dire de plus, ne cherchez pas la ravie de la crèche c'est moi: CONTENTE !

(Sur la photo : le président et la cheville ouvrière (une des), merci à eux à Françoise et à tous les autres...)

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27 avril 2010 2 27 /04 /avril /2010 08:45

equinox-010.jpgElle a fermé la maison. Les enfants étaient déjà dans la voiture avec leur père. Elle, elle devait les suivre avec son propre véhicule. La clé était dans la serrure quand, subitement, elle s’est tournée vers son mari et lui a dit : « J’ai oublié quelque chose. Partez devant, je vous rejoins. » Il a eu l’air surpris, vaguement agacé même, puis il a répondu : « On s’arrêtera à l’aire des quatre vents, tu nous retrouves là-bas ? » Elle a opiné de la tête. Mais elle sait qu’il n’attendra pas. Lui, il est pressé maintenant de rentrer. Pour lui, les vacances sont finies : il n’y a pas d’entre deux.

Elle, au contraire, elle vient d’investir cet espace qui n’est rien : ni la fin de la période estivale, ni le retour à Paris. Elle s’y complait, elle s’y installe. Elle est rentrée dans la maison et, sans craindre de déranger la cuisine rutilante, elle a fait chauffer de l’eau et s’est préparé un thé, puis elle s’est installée sur un des grands fauteuils qui lui viennent de sa grand-mère et qu’elle protège toujours d’un grand drap pendant les mois d’hiver. Elle l’a tourné vers la fenêtre et a posé son pied sur l’appui. Après la grande effervescence de ce mois d’août et avant celle de la rentrée des classes, elle a eu besoin de ce temps de vacance. Elle ne pense à rien. Elle se laisse aller à la nostalgie. Elle n’aime pas les départs, elle ne les a jamais aimés : ni dans un sens, ni dans un autre. Depuis trois jours déjà, elle imagine le retour et ça lui gâche un peu ce qui lui reste de temps ici. Maintenant que c’est fini, elle a envie d’en profiter, de s’abîmer dans la nostalgie, d’y plonger vraiment. Au fond, partir vite aurait été plus simple, plus facile, plus léger… Mais, pour une fois, elle a voulu aller au bout, au fond de ce léger sentiment de vide, de rien, de ce trouble infime qui l’envahit à chaque fois qu’il faut s’en aller, laisser la maison de vacances.

Aucune racine, aucun souvenir d’enfance ne justifient cette mélancolie. Ce n’est pas une demeure familiale : ils l’ont achetée quatre ans plus tôt, sur un coup de tête. Ils n’étaient jamais venus avant dans la région. Ils l’ont meublé rapidement, n’ont pas beaucoup touché la décoration. A peine a-t-elle choisi les voilages de fin coton qui semblaient s’imposer pour filtrer la lumière sans la bloquer et les housses de couette tendance marine. Pourtant, elle y a mis un peu de son cœur, dès le début, plus que son mari ne l’a pensé, et finalement, plus qu’elle ne l’imaginait elle-même.

Elle est bien : elle est seule. Elle écoute avidement le silence de la maison vide, profite du flou apporté par la fenêtre voilée. Elle entend son cœur battre, sent le thé brûlant glisser le long de sa gorge, elle éprouve les ressorts légèrement souffreteux du vieux fauteuil du poids de son corps. Doucement, tranquillement, elle occupe le temps et l’espace qui s’offrent à elle, en investit chaque recoin.

Ce soir, elle sera à Paris. Ce soir, tard… Ce soir, sans doute…

 

Guylaine de Fenoyl

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22 avril 2010 4 22 /04 /avril /2010 18:06

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fen-tres-2931.JPGPas facile, le Quercy, quand on se déplace surtout à la voile, quelquefois à la vapeur, et principalement sur l'eau: je n'y étais jamains allée. Le hasard d'un cadeau (une halte à la Grange du moulin) nous a conduits à Lauzerte, et j'ai réalisé que ce nom me sonnait dans l'oreille à cause de Place aux nouvelles, un festival annuel qui récompense de bons auteurs.

Lorsque nous sommes passés là-bas, c'était Place aux Fleurs: des couleurs, des tiges emberlificotées, des feuilles finement dessinées devant les pierres blanches et tendres comme du bon pain.

Comme partout j'ai cherché l'école ( enchassée dans le village, ravissante) et la médiathèque: un espace  lumineux, un petit jardin pour lire, une belle expo le long de l'escalier , un rayon nouvelles fourni, un accueil souriant.

Sur la place du village, carrée et bordée d'arcades ombreuses, le Café du Commerce: décor ancien, bonnes lectures et humour à la clé.

J'aimerais revoir Lauzerte...En attendant le 30 avril nous serons à la bibliothèque de Plouer sur Rance avec Alain Emery, l'auteur de Divines antilopes (La Tour d'Oysel), je m'en réjouis déjà!

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14 avril 2010 3 14 /04 /avril /2010 10:25

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Nous avons passé l'après-midi sur une île, hier. Traversés les champs sur une départementale luisante, nous avons laissé la voiture sous les remparts gris et grimpé vers le centre-ville.  Par la poterne sombre nous sommes entrées dans un monde où le temps coulait autrement, un monde silencieux où les chants d'oiseaux résonnaient entre les pierres. De librairie en atelier, de page en page, entre vieux amis retrouvés: livres de contes des éditions Fabbri, Louis-René Desforêts, contes de Marc Twain avant Allia, manuels d'élevage des lapins,  traités de savoir-vivre, romans-photos des années soixante... Devant le thé à la menthe et les madeleines fondantes,  la fenêtre sur le jardin où dormait si bien le chat brun, nous avons soudain regardé l'heure. Il était temps de revenir vers l' ordinaire, vers la vitesse et l'étourdissement.

Nous avons refermé la parenthèse, jusqu'à la prochaine visite à Bécherel.

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8 avril 2010 4 08 /04 /avril /2010 21:02

                                           3415233120_00ec9b1aaa-139361a-1-.jpg     

 

                                                           Lumière

C’est une maison-sourire, un défi à la nuit qui, en Scandinavie, plonge loin de la rive pour ne plus resurgir. C’est  un feu de broussailles, une  aurore boréale qui griffe les  ténèbres, impose sa lueur. C’est un trait de couleur qui gicle du pinceau  et réveille  le noir  profond et insondable. C’est un fétu de paille qui traverse l’hiver avec un brin d’audace, une virgule jaune comme un croissant de lune qui trace dans la nuit  une ride riante. C’est une sentinelle oubliée au milieu de l’encre éternelle. Lorsque vient le printemps et l’éclat blanc du jour, elle est maison-lumière. Les tendres frondaisons frôlent ses yeux fardés. Elle ouvre grand la bouche pour que l’air doux s’engouffre,  s’étire  sous le soleil qui réchauffe ses murs, fait chanter le bois clair. Elle se repose enfin de sa veille nocturne. C’est une maison-cigale  qui fredonne et célèbre le retour du  beau temps.


Laurence Marconi

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6 avril 2010 2 06 /04 /avril /2010 08:32

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Avec Ouest-France, petit tour par l'atelier d'Henry ...Et pour lire plus facilement, ce sera par ici


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